par Terry A. Campbell, Ph. D., Université Nipissing, Amanda Brownlee, Conseil scolaire de district Near North, et Carole Anne Renton, Conseil scolaire du district catholique de Nipissing Parry Sound
Monographie de recherche n° 61
Février 2016
Ce document est disponible en format PDF (420 Ko).
L’étape cruciale de la diffusion publique de la documentation peut présenter un défi. Que peuvent faire les enseignants pour communiquer l’apprentissage de leurs élèves aux parents, à leurs collègues et à l’ensemble de la communauté scolaire?
Inspirés par leurs observations des apprenants dans les classes de la maternelle à la 12e année, les enseignants changent leurs pratiques d’enseignement. Ils trouvent de nouvelles façons d’apprendre avec leurs élèves dans des contextes collaboratifs et sociaux, et d’aller au-delà des méthodes traditionnelles de collecte de preuves d’apprentissage, comme l’approche « papier crayon », pour mieux cerner comment ceux ci apprennent par le jeu, les projets d’enquête, les conversations et les interactions sociales. Bon nombre d’éducateurs ont recours à diverses formes de documentation pédagogique pour en faire de puissants véhicules qui décrivent l’apprentissage en action et, ce faisant, donnent de la valeur aux réflexions et aux sentiments des apprenants. Néanmoins, nombreux sont ceux parmi le personnel enseignant qui sont incertains de la façon de communiquer ces apprentissages. « Comment vais-je collaborer avec les élèves, les familles et les collègues pour communiquer l’apprentissage capté par la documentation? » s’interrogent-ils.1
Quelques pistes de réflexion sur l’affichage de la documentation pédagogique
La documentation s’appuie sur l’observation, l’enregistrement, l’interprétation et la diffusion au moyen de divers supports, des processus et des produits de l’enseignement et de l’apprentissage dans le but d’approfondir ce dernier.2 Des recherches menées à tous les niveaux scolaires montrent la grande influence de la documentation sur de nombreux aspects de l’apprentissage, dont les aspects émotionnel, cognitif et social.3
Puisque l’apprentissage des enseignants et celui des élèves sont étroitement liés, le processus de documentation bénéficie à tous. Lorsqu’ils documentent, les enseignants deviennent des chercheurs. Lorsqu’ils explorent l’évolution de la compréhension des élèves,4 ils apprennent également à mieux se connaître. Carlina Rinaldi définit ce type de recherche comme une attitude et une approche liées à la vie de tous les jours, dans les écoles et dans la vie… comme une manière de penser par nous mêmes et de penser avec les autres, une manière d’entrer en relation avec les autres, avec le monde autour de nous et avec la vie.5
La documentation soutient l’apprentissage des élèves depuis la petite enfance jusqu’au secondaire.6 Grâce à la documentation et aux conversations qu’elle inspire, les apprenants ont la possibilité d’articuler leur pensée, leurs sentiments et leurs perceptions d’eux mêmes et de leur apprentissage. En écoutant les élèves, les enseignants apprennent à mettre en valeur les aspects des expériences d’apprentissage du point de vue des apprenants. Par exemple, une enseignante observe deux fillettes qui lancent un dé et disposent le nombre de coquilles correspondant. L’une des fillettes, Lila, dit : « Je joue avec Angelina. »7 Pour Lila, qui est au jardin d’enfants, la valeur du jeu avec une amie est primordiale tandis que l’apprentissage des mathématiques vient au second rang. En observant et en écoutant, l’enseignante est en mesure de comprendre et de documenter les deux dimensions de l’expérience d’apprentissage de Lila.
Nous connaissons la grande valeur de la documentation pédagogique. Comment le fait de diffuser cette documentation à l’extérieur de la classe peut bénéficier aux apprenants comme à la communauté scolaire, y compris les autres enseignants et les familles?
Given et ses collègues2 ont constaté que c’est lorsqu’elle a décidé de partager sur des tribunes publiques sa documentation et son apprentissage collectif qu’une communauté en enquête collaborative a marqué un moment décisif. L’étape cruciale de la diffusion publique de leur documentation peut présenter un défi pour les enseignants.4 Dans cette optique, deux enseignantes au jardin d’enfants décrivent comment elles partagent des comptes-rendus d’apprentissage avec les apprenants et la communauté scolaire. Les processus qu’elles décrivent peuvent être appliqués à tous les niveaux scolaires.
Bien sûr, les visuels embellissent l’environnement, mais leur véritable raison d’être est d’ouvrir une fenêtre sur les processus de réflexion des élèves et leur travail.
Une de ces enseignantes a utilisé des visuels dans sa salle de classe et son école, et l’autre a créé un blogue accessible aux familles et aux autres membres de la communauté scolaire. Voyons leur démarche.
Dans ma salle de classe, j’utilise des visuelspour documenter l’apprentissage vécu par les élèves. Par visuel, j’entends une forme d’illustration accompagnée de texte. Les illustrations peuvent être des photos prises par l’enseignante, ou des dessins et des peintures réalisés par les élèves. Le texte d’accompagnement est généralement une description, une narration ou une transcription textuelle de conversations de la salle de classe. Il faut observer attentivement et écouter assidûment. L’image de la fenêtre utilisée par Judy Harris et ses collègues m’a inspirée.8 Bien sûr, les visuels embellissent l’environnement, mais leur véritable raison d’être est d’ouvrir une fenêtre sur les processus de réflexion des élèves et leur travail. Je m’inspire des pratiques suivantes :
Les exemples de documentation pédagogique décrits par ces enseignantes s’appliquent à tous les niveaux scolaires.
J’ai entamé ma démarche de documentation graduellement, en mettant l’accent sur des histoires d’apprentissage particulières. Comme tout voyageur, je me perfectionne de jour en jour, encouragée par la dose d’énergie que cela apporte à ma pratique. J’acquiers une connaissance beaucoup plus profonde de mes élèves, ce qui facilite l’enseignement différencié. Je suis émerveillée de voir de jeunes enfants devenir des apprenants compétents habitués à partager leurs réflexions ouvertement avec leurs pairs et leurs enseignants. J’ai bien l’intention de poursuivre ce voyage.
Mon blogue est simple : photos de travaux en cours, citations de paroles d’élèves, extraits de travaux, liens avec les attentes du curriculum9 et citations tirées de rapports de recherche sur l’apprentissage chez les jeunes enfants. L’apprentissage documenté est expliqué dans un langage accessible aux élèves et à leur famille. Le blogue est un lien entre l’école, la maison et même les familles étendues (des grands-parents habitant en Allemagne m’ont exprimé leur joie de profiter de ce coup d’œil sur l’apprentissage de leur petit enfant). C’est une façon agréable de faire état de l’apprentissage et un déclencheur de conversations entre les élèves et les membres de leur famille. De plus, cela favorise la communication orale, la métacognition et le partage de résultats d’apprentissage tout en renforçant les liens famille-école.
Un parent mentionne que le blogue est un merveilleux moyen d’échanger avec Ada [prénom fictif ] sur ce qui se passe à l’école : « Elle nous parle des activités présentées en photos, mais aussi d’autres aspects de la vie en classe… Je pense vraiment que c’est très précieux pour nous, parents, de sentir ce lien avec la vie scolaire de notre fille et de suivre son apprentissage. » Quand je mets le blogue à jour (environ deux fois par semaine), j’avertis les parents en leur envoyant le lien par courriel. Je trouve que ces rappels contribuent à faire augmenter la fréquentation du blogue par les familles.
Le choix des éléments à publier et la façon de le faire exigent une réflexion constante. Les élèves et moi examinons les articles dans le blogue sur le téléviseur de la salle de classe, et ils sont encouragés à exprimer leurs commentaires. J’ai découvert qu’il est important de connaître ses élèves et de prendre le temps de les écouter. L’écoute active est essentielle, car il se peut que ce que je crois qu’ils apprennent, pensent ou ressentent soit tout à fait différent de ce qu’ils ont à dire! Il est primordial de noter leurs commentaires, que ce soit sur papier ou sur tablette électronique. De là, vous pouvez expérimenter jusqu’à ce que vous trouviez ce qui vous convient tout comme à vos élèves.
Pour moi, les pratiques suivantes fonctionnent bien :
Ma pratique continue d’évoluer et de s’améliorer par la réflexion et les échanges avec mes collègues. Je consulte souvent d’autres enseignants pour échanger des idées et des ressources et pour obtenir leur rétroaction et des conseils pratiques. C’est stimulant de faire partie du cycle d’enquête récursif et de compter sur de nombreux partenaires avec lesquels échanger et évoluer.
* Explorez le blogue d’Amanda ici (en anglais).
Quels que soient les moyens que les éducateurs utilisent (visuels, panneaux d’affichage, portfolios numériques ou blogues), le but est de documenter l’apprentissage et de mettre cet apprentissage et les élèves en valeur. Carole Anne et Amanda voient la documentation comme un récit, une façon de partager le vécu des élèves avec leurs familles et la communauté scolaire.
La série de monographies Faire la différence… De la recherche à la pratique est produite en collaboration par l’Ontario Association of Deans of Education et la Division du rendement des élèves du ministère de l’Éducation de l’Ontario.
Pour en savoir plus sur la façon de rédiger une monographie : Mobiliser les résultats de la recherche pour les appliquer de façon significative, par Michelann Parr, Ph. D., et Terry Campbell, Ph. D., co-rédactrices.
La série Faire la différence est mise à jour et publiée ici.
Les opinions et les conclusions exprimées dans ces monographies sont celles des auteurs; elles ne reflètent pas nécessairement les politiques, les opinions et les orientations du ministère de l’Éducation de l’Ontario ou de la Division du rendement des élèves.
ISSN 1913-1097 Faire la différence… De la recherche à la pratique (imprimé)
ISSN 1913-1100 Faire la différence… De la recherche à la pratique (en ligne)